[Glop !] Mutant Hanako - Makoto Aida

Publié le par Epikt


Avant propos :
cette chronique est une réécriture/repompage de celle que j’ai écrit il y a quelque temps pour le blog de Mayku. Pour mon blog, j’ai coupé les passages où je raconte ma vie et tout et tout, mais vous pouvez toujours lire la version intégrale.




Hanako est l’élue. Comme dans Matrix. Sauf que contrairement à l’autre congénital en costume noir, elle est mandatée par l’empereur Hirohito pour botter le cul de ses sales porcs de ricains. Capturée et violée par le général MacArthur, elle sera ensuite larguée sur Hiroshima avec Little Boy. Irradiée, elle renaît avec des super-pouvoirs en tant que Mutant Hanako.
L’impérialisme porcin n’a qu’à bien se tenir.

La première édition de Mutant Hanako se compose d’une vingtaine de planches griffonnées en un noir et blanc sale ; irrévérencieuses, décalées, portnawack et jusqu’au-boutistes. Du grand art. Un grand choc aussi en apprenant que l’auteur de ce fist-fucking graphique n’est pas vraiment mangaka mais artiste contemporain. C’est donc partagé entre jubilation de tenir en main une petite rareté et déception que celle-ci soit le seul manga de son auteur que j’ai pu baver devant ses art-books à what-mille yens ; et malheureusement m’en tenir là dans l’exploration de l’oeuvre de cet auteur.
Et, oh ! Miracle ! Malgré tout ce qu’on pouvait attendre, Mutant Hanako a été publié en français.  Qui plus est dans une édition augmentée, colorisée et lettrée par l’auteur lui-même spécialement pour l’occasion ; et proposant en sus de nombreuses illustrations et articles. Et croyez-moi, ça déboîte encore plus le cul.

Mettons tout de suite les choses au clair.
Si, tout grand fan de bande dessinée japonaise que vous soyez, votre conception du manga s’arrête à Angel Santuary, passez votre chemin. De même, davantage même, si les seules oeuvres nipponnes que vous réussissez à lire sont les contemplations intimistes de Taniguchi. Lire Mutant Hanako c’est accepter de faire table rase. De faire abstraction de tout critère préétablit comme de tout repère ; ce bouquin aurait été convenablement sous-titré « Le manga dépucelé en 60 pages ».

Une fois achevés ces préliminaires, vous êtes prêts. Prêt pour cet improbable déluge de pop culture pervertie, où la surenchère constante pousse continuellement l’oeuvre aux limites de l’acceptable. Malgré ce que pourrait laisser penser le pitch de Mutant Hanako, Makoto Aida ne se contente pas de parodier les gimmicks et codes du manga mainstream. Héroïne en costume d’écolière (qui n’est pas sans rappeler Sailor Moon) ou gros monstre métamorphe, Mutant Hanako cultive les poncifs. Il s’en sert de support, construit sur ces bases un délire qui va bien au delà de la simple parodie. Au delà des références diverses (le porte-avion amiral de la flotte US est baptisé Enterprise) Mutant Hanako puise sa matière dans les clichés mêmes. Il se nourrit d’un coté des phantasmes de l’oeil occidental sur les japonaises prépubères et sur sa culture de la grosse bite, d’un autre sur une représentation caricaturale de l’occident décadent.

Et le lecteur médusé de se poser la question : mais mon dieu par quel bout je dois prendre ce truc ? Car autant le dire tout de suite, lu au premier degré Mutant Hanako tiens plus du manifeste d’extrême-droite nationalo-impérialiste anti-américaine que du manga de bonne famille. Tant mieux d’ailleurs, il en faut bien pour de temps en temps mettre un coup de bite dans la fourmilière. Et au second degré alors ? Tout bonnement jouissif pour qui ne s’encombre pas de sensiblerie bien pensante. J’attends quand même l’auteur européen qui aura les couilles de faire de même, ressuscitant Hitler et le faisant enculer à la chaîne des cadavres carbonisés de juifs dans un Auschwitz géant en orbite géostationnaire.




Mais laissons de coté ces considérations bassement politico-morales. Il se trouve que Mutant Hanako est une oeuvre qui déboite ; tout simplement. L’ensemble, jusqu’au-boutiste jusqu’à la nausée, confine le plus souvent au grotesque. Aida enthousiasme le lecteur par ses excès de to much, à grand renfort de scènes nonsensiques et tarabiscotées, d’effets de bullet-time Matrix-like et de plans de coupe de corps sodomisés (sans scotch) par des phallus géants. Et si à première vue Mutant Hanako tient plus du crobar que de l’oeuvre finie, il n’en laisse pas moins sur le cul par son non conformisme et son humour décapant. L’apothéose arrive alors que la super-héroïne et le général McArthur sont contraints par l’auteur de remettre à plus tard la scène de baise et entreprennent de se battre à grands coups de spécialités culinaires locales – thé vert contre Coca Cola, sushi contre cote de boeuf, soja contre Miel Pops – dans des débordements de (cosmo) énergie dignes des plus grands épisodes de Saint Seiya. Suivi de la tant attendue scène de cul et d’un combat titanesque et improbable entre Hanako, sorte de Godzilla en sailor-suit, et le président Roosevelt devenu un monstre multi-phallique (toutes mes excuses, une description un temps soit peu fidèle m’oblige à inventer des mots qui ne seront pas de sitôt dans le dictionnaire) qui devrait rester dans les annales du portnawak et du mauvais goût. Et ça tombe bien, car à en croire Aida :

« Je crois profondément que le "mauvais goût", dans sa plus vaste définition, est l’une des armes fondamentales du manga. »

Et vu sous cet angle, nul doute que Mutant Hanako soit au manga ce que la bombe thermonucléaire est au pistolet à amorces.





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Titre : Mutant Hanako
Auteur : Makoto Aida
traduit du japonais par Kurashige Jin
Edition française (2005) chez Le lézard noir
 

Publié dans Glop !

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N
Huhu bah ça a l'air sympa tout ça ^^
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E
Un peu mon neveu !